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Septième Art
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20 septembre 2006

11'09''01 : huitième!

Amos Gitaï (Israël), ou A la recherche du scoop perdu. 

Techniquement, il s'agit de l'un de mes courts préférés. Sur le fond, je suis plus perplexe, ce film pouvant s'interpréter de multiples façons et sa morale me paraissant quelque peu douteuse...

Ce court-métrage se déroule le 11 septembre 2001, dans l'avenue de Jérusalem à Tel-Aviv, et a la particularité d'être filmé en plan-séquence (c'est-à-dire d'une seule traite, sans montage ni changement de point de vue). Gitaï réalise ainsi un véritable tour de force de 11 minutes, la caméra sautant d'un personnage à l'autre au gré de leur passage dans son champ, le tout dans un ballet magnifiquement orchestré et rythmé. Cela donne une impression de reportage, caméra sur l'épaule, tout à fait adaptée au sujet.

En effet, alors qu'un attentat à la voiture piégée vient d'être perpétré et que les autorités tentent de rétablir l'ordre, une journaliste de la télé israélienne s'immisce dans ce chaos et tente de réaliser le scoop de sa vie en obtenant de sa rédaction le droit de passer en direct. C'était sans compter les attentats des Etats-Unis...

Le personnage de la journaliste, bavard et déplacé (elle n'hésite pas à gêner les secours) apparaît particulièrement détestable, et beaucoup voient donc dans ce court de Gitaï une critique de la presse. Pourtant, les vociférations de la journalistes implorant sa rédaction et les (télé)spectateurs de prêter attention à l'attentat qui vient de toucher la rue de Jérusalem peuvent aussi se traduire comme une dénonciation de la surdité du monde face aux attentats-suicides dont sont victimes les Israéliens presque quotidiennement. Alors que les Etats-Unis connaissent un attentat sans précédent sur leur territoire, certains Etats (en l'occurence Israël) sont confrontés tous les jours à des drames similaires dont on finit par ne plus parler.

Mon problème avec cette interprétation, c'est la sorte de victimisation à laquelle la journaliste se laisse aller, comparant cet attentat de Tel-Aviv à d'autres catastrophes historiques survenues un 11 septembre, pour mettre l'accent sur l'horreur de l'attentat-suicide et justifier qu'il passe avant celui du WTC. Or se victimiser d'un côté tandis que l'on martyrise de l'autre ma paraît manquer de relativisme. Je me pose donc la question de savoir si par ce court, Gitaï n'essaie pas de nier les responsabilités d'Israël dans les attentats dont le pays est victime, ne déplorant pas l'attitude israëlienne mais la (soi-disante) absence de soutien et d'intérêt du reste du monde pour ses propres souffrances.

Un film nombriliste? Oui, c'est un peu l'impression qu'il m'a faite...

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