La vie des autres
Courrez le voir! Ce film, si le bouche-à-oreilles fonctionne bien, sera un succès, et un succès mérité. Sortez du matraquage médiatique autour de la môme Piaf (ce qui ne doit pas vous dispenser de le voir quand même) et allez voir La vie des autres.
Alors oui, c'est un film allemand, et de surcroît sur l'Allemagne de l'est... A priori, pas trop primesautier. Et pourtant!...
Je résume: Nous sommes en 1984, à Berlin-Est. La Stasi, police secrète d'Etat, connaît tout sur tout le monde. Elle surveille des milliers de "suspects", soupçonnés d'opposition plus ou moins ouverte à ce régime odieux. Parmi les fonctionnaires assez glauques qui hantent ces services de surveillance, il y a Wiesler, un fonctionnaire taciturne et zélé. Le voici chargé de surveiller Dreyman, un auteur dramatique très en vue, et tout à fait en accord avec le régime, qui ne fait pas de vagues. Mais cet auteur a un tort: il vit avec une charmante actrice sur laquelle le KulturMinister a des vues. Le but: "Il faut trouver quelque chose, tout le monde a quelque chose à se reprocher". Commence alors de longues heures de surveillance, et une plongée dans la vie de l'intelligentsia est-allemande et dans tout un petit monde dont on peine à imaginer l'existence si près de chez nous voici si peu de temps... Et Wiesler finira par se prendre d'affection pour ces autres dans la vie desquels il plonge.
Finalement, et sans trahir le suspense, on découvrira que même les plus irréprochables changent parfois, que les gens justes existent, que la machine d'Etat est forte et impitoyable, mais également que même les régimes les plus pourris finissent par tomber...
Alors me direz-vous, pourquoi aller voir ce film? Tout d'abord, c'est un beau film, tout simplement. De beaux sentiments, une image soignée (pas l'ambiance morose et l'éclairage torve d'un épisode de Derrick), des acteurs excellents, un scénario et une réalisation au poil. Et puis, et surtout, pour la dénonciation intelligente d'un régime, d'un système, dont on parle trop peu. Et qui prouve, si besoin était, que les autres pays ont plus de facilité que nous à se retourner et à créer autour de leur histoire récente...
En somme, un très bon et beau moment de cinéma, et un film dont on sort en se sentant meilleur et plus intelligent. Ce qui, par les temps qui courrent, n'est pas un petit bénéfice!