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Septième Art
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20 septembre 2006

11'09''01 : sixième!

Ken Loach (Royaume-Uni), ou Qui sème le vent...

L'homme au film palmé nous offre ici un court-métrage corrosif et insolent, qui choque davantage par le contexte dans lequel il s'inscrit que par son propos.

Au sein d'un film à sketches autour du 11 septembre 2001, on s'attendait en effet à un minimum de pitié envers les Américains, à une trêve, une suspension des hostilités à leur encontre, une main tendue aux Etats unis dans le deuil. Or le film de Ken Loach et de Vladimir Vega (co-scénariste et acteur principal) est tout sauf indulgent à l'égard des USA, profitant au contraire de ce triste événement pour rappeler au bon souvenir des Américains le rôle qu'a joué leur pays dans la chute du gouvernement Allende et l'avènement de Pinochet. La pseudo lettre adressée par un Chilien à ses "chers amis" (les proches de ceux qui ont perdu la vie dans les attentats de New-York) ne fait pas illusion : le film tout entier nous crie que les victimes des attentats de 2001 ne pèsent pas lourd face aux atrocités endurées par le peuple chilien.

A l'instar de Tanovic, Loach utilise la date des attentats pour rappeler une autre date anniversaire, mais l'analogie est ici encore plus frappante puisque l'événement auquel son film fait référence s'est déroulé un mardi 11 septembre... C'était au Chili, en 1973. Un groupe (ou junte) militaire emmené par le général Pinochet et soutenu par la CIA s'emparait du palais présidentiel et assassinait le président chilien, Salvador Allende, plongeant le Chili dans de bien sombres années...

Cette mise en balance de deux attentats peut gêner et indigner (ce qu'elle a fait!). Personnellement, si je trouve que ce film fait preuve de nettement moins d'humanité à l'égard des victimes de New-York que celui de Tanovic, je ne peux toutefois m'empêcher de l'aimer et de le saluer...

Ce court ne dit-il pas la vérité, toute la vérité et rien que la vérité (levez la main droite et dites "je le jure!")? Avec pertinence et acuité, le film retrace le tournant qu'a connu le Chili en 1973 et raconte les espoirs d'un peuple, la conquête de sa liberté et de son autonomie que "les ennemis de la liberté" avaient entrepris de détruire (faisant un parallèle particulièrement jouissif entre les autorités américaines ainsi désignées, et ceux que Bush qualifiait d'ennemis de la liberté dans un discours post-11 Sept).

En mettant les Etats-Unis face à (une partie de) leurs torts, ce court pose finalement la question de la responsabilité des autorités américaines dans le drame qui a touché leur pays en 2001. Il est le seul à avoir ainsi pointé du doigt les "erreurs" américaines (malheureusement souvent synonymes d'horreurs) en matière de politique extérieure, et il exhorte de cette manière les Etats-Unis à prendre leurs responsabilités et à ne pas reproduire les mêmes aberrations à l'avenir...

Un court-métrage incontournable, qui a pour moi parfaitement sa place dans cet ensemble.

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