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Septième Art
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20 septembre 2006

11'09''01 : quatrième!

Danis Tanovic (Bosnie-Herzégovine), ou Ni consolées, ni soumises. 

Le cinéaste bosniaque, réalisateur du poignant No man's land, met là encore l'Occident face à son inertie et à sa relative indifférence vis-à-vis des souffrances de certains peuples, sans pour autant l'accabler de reproches.

Dans ce court, Tanovic utilise la date du 11 pour revenir sur un autre drame humain survenu, lui, un certain 11 juillet 1995... Cette date ne vous dit (peut-être) rien? Pourtant, ce jour-là, la ville de Srebrenica est tombée aux mains des soldats serbes, ce qui a entraîné l'exode de dizaines de milliers de gens et la "disparition" de 10 000 personnes, essentiellement des hommes. Disparition est bien le terme, puisqu'à ce jour moins de 1 000 corps ont dû être retrouvés, dans des charniers à proximité de la ville... Et les femmes de Srebrenica, dont certaines espèrent encore le retour d'un mari ou d'un fils, demandent toujours que justice leur soit faite.

Ce matin du 11 septembre 2001, une jeune femme se prépare, comme tous les 11 du mois depuis 6 ans, à aller manifester sur la place du village avec les autres femmes de disparus. Son ami cul-de-jatte l'accompagne, tout en lui promettant de lui amener les journalistes de la télé si ceux-ci viennent le voir dans son association. Le mouvement aura plus d'impact et leur appel, plus de chances d'être entendu, si la télé les relaie... Mais arrivée dans leur salle de réunion, elle apprend par la radio les attentats dont les Etats-Unis ont été la cible.

Les femmes sont silencieuses. A quoi, à qui pensent-elles? Tanovic nous laisse toute latitude pour l'imaginer... Soudain, au milieu de ce recueillement, la jeune femme se lève, bien décidée à manifester vaille que vaille. Elle se retrouve seule sur la place avec son ami. Puis finalement, les autres femmes de Srebrenica viennent les rejoindre et entament une marche silencieuse, sans fanfare ni témoins. Les journalistes de la télé ne viendront pas, et le spectateur se sent vaguement honteux d'avoir oublié la détresse de ces femmes et cette date pour elles maudites.

Vous l'avez peut-être deviné, ce court m'a beaucoup touchée et j'admire la finesse avec laquelle Tanovic a dépeint le courage et la dignité de ces femmes, sans jouer sur une quelconque victimisation et sans non plus chercher à nous culpabiliser à tout prix. Son film est sans doute l'un des moins partisans et (paradoxalement?) l'un des plus compassionnels envers les familles des victimes du 11 septembre 2001... Parce qu'il ne cherche pas à opposer et comparer deux populations qui souffrent en faisant une surenchère de larmes et de douleur, mais à montrer qu'elles vivent des drames similaires et peuvent traverser ces épreuves côte à côte.

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